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Catherine Demangeot

La norme des pratiques sexuelles


Après avoir partagé ma conception de « ce que le numérique a changé au sexe », j’évoquais l’évolution des pratiques sexuelles en France et l’influence culturelle du numérique sur les comportements sexuels. A l'issue de mon intervention une question m’a été posée: « quelles sont les normes des pratiques sexuelles? ». J’étais bien embêtée… car si la question de la « normalité » m’est posée régulièrement en consultation comment l’expliquer en 50 secondes?


Et de quelle norme parle-t-on? La norme sociale, culturelle, religieuse, statistique, celle des médias… difficile de savoir à qui ou à quoi se référer aujourd’hui en matière de sexualité humaine. Car depuis que les images à caractère sexuel et les conseils en tout genre pullulent et se propagent sur le net, nous sommes de plus en plus perdus face à notre représentation de ce qu’est la sexualité en 2016.


La norme que j’évoque est une norme statistique et correspond à ce qui est pratiqué par la majorité des personnes interrogées (un échantillon de 12 000 personnes en ce qui concerne l’enquête menée par l’INSERM « Contexte de la sexualité en France » qui date de 2006).


En 10 ans l’utilisation et les contenus d’Internet ont considérablement évolué. Et si les chercheurs de l’Inserm et de l’Ined ont pu constater statistiquement un déplacement des normes sexuelles vers les pratiques de sexualité orale (sous l’influence de la pornographie - la fellation notamment), il existe un décalage entre les mots clés recherchés en 2016 sur le net qui renvoient à des sites pornographiques et les statistiques de 2006. En 2016 la catégorie concernant la sexualité anale est parmi les plus recherchées aussi bien par les hommes que par les femmes (first anal) qui sont de plus en plus nombreuses à visionner de la pornographie en ligne. Mais en 2006 la pénétration anale n’était la pratique préférée que de 1% des femmes interrogées et 3,4% des hommes. Cela a-t-il évolué de manière significative? Aujourd'hui nous n'avons pas suffisamment de recul pour répondre à cette question.


Mais est-ce important?


Pour la gestaltiste que je suis, je résiste toujours lorsqu'il s'agit d'évoquer la question de la normalité. Comme tout cadre de référence il peut être à la fois « protecteur » et « enfermant ».


Car ce n’est pas parce que certaines pratiques sont adoptées par le plus grand nombre qu’elles doivent être considérées comme incontournables. La norme peut être vécue comme une contrainte ou une obligation pour ceux et celles qui pensent devoir s’y soumettre, sous la pression sociale, ou à la demande quelquefois insistante du partenaire. Mais on peut aussi se contraindre soi même, en s'imposant un scénario sexuel inspiré par ce que nous imaginons être les désirs et les aspirations de l'autre. Je prends l’exemple des pratiques orales, pour les deux sexes, ce sont les pratiques les plus souvent réalisées pour faire plaisir au partenaire (sans en avoir vraiment envie soi-même). Ceci est d’autant plus vrai chez les plus jeunes qui rapportent plus nettement que les autres des pratiques de sexualité orale non désirées (enquête CSF 2006).


Chaque personne est libre de choisir sa ou ses sexualités, et doit pouvoir respecter et faire respecter son individualité. Alors n'ayez pas peur de mettre des mots sur vos réticences, essayez d'identifier vos désirs et de les exprimer, écoutez ceux de votre partenaire, parlez-en ensemble. Il est fréquent de ne pas partager les mêmes désirs et c'est OK.


En revanche, nous nous devons seul.e et ensemble de respecter et de faire respecter notre intégrité et notre santé physique ainsi que notre santé mentale, ce sont nos biens les plus précieux. L'OMS met en avant aujourd'hui le concept de santé sexuelle en lieu et place de la vie sexuelle. Savoir dire "non"et refuser des pratiques qui ne vous correspondent pas, vous permettra de vous affirmer et vous aidera à donner plus de valeur aux "oui" que vous prononcerez par la suite, pour vous même et vis à vis de votre partenaire.

En matière de sexualités nous devons avant toute chose nous concentrer sur ce qui est bon pour nous et refuser l'innacceptable. Un.e partenaire qui nous aime et nous respecte ne nous demandera jamais de faire ce que nous ne voulons pas faire. Par contre, dans un consentement commun, nous sommes libres de déployer notre curiosité et de découvrir ensemble des horizons nouveaux.


Pour le psychologue américain Sol Gordon: "Le comportement sexuel "normal" chez les adultes se définit comme étant volontaire, non exploiteur et consensuel; en général, non seulement il est agréable et dénué de culpabilité, mais il rehausse aussi l'estime de soi."


En 2024, nous allons au-delà de cela en tentant chaque jour de défaire et de réinventer les scripts sociétaux dans lesquels nous nous prenons les pieds. La manière dont nous vivons nos sexualités doit rester le lieu privilégié de notre liberté.





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